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Traversée  du Belize à Cuba

 

Belize-Cuba.jpg

Sortis de la barrière de corail du Belize, nous retrouvons partiellement la haute mer en nous rendant sur les 2 atolls Turneffe et Lighthouse situés à 15 et 30 milles vers l’est. Ici, nous regardons de près la météo en récupérant un fichier Grib grâce à notre téléphone satellitaire. Par chance, les vents doivent tourner sud est dans 2 jours mais un norther (Front froid violent venant des Etats Unis) est prévu dans 7 jours. Il n’y a donc pas de temps à perdre, nous profiterons de ce créneau pour remonter à Cuba. Pour cette traversée, il nous faut impérativement un vent de sud est. Du Nord est à est nous ferait tirer des bords ou arriver sur la pointe ouest de Cuba. Or, nous voulons profiter du mois d’avril pour visiter la côte sud de Cuba jusqu’à Cienfuegos. Arriver trop à l’ouest signifierait lutter contre vents et courants pour franchir les 3 caps. Tous les navigateurs rencontrés nous ont averti qu’il faut viser impérativement le plus à l’est possible pour éviter les longues navigations au moteur vers l’est.

Samedi 26 mars

Après une dernière nuit calme dans l’atoll de Turneffe, nous reprenons un fichier météo avant de partir. Il nous confirme celui de la veille : nous aurons 2 jours de vent de sud est de 20 à 25 nœuds, le créneau est là et nous partons pour Cuba. Nous ferons tout de même une petite pause sur l’atoll de Lighthouse pour déjeuner et plonger, après 2 grands bords au plus près du vent, où nous mouillons près de la barrière de corail. Nous profitons du calme pour manger un bon plat de pâtes à la sicilienne, faites avec des légumes frais, puis, nous enfilons nos palmes, masques et tubas. Nous ne pouvions manquer une petite exploration de cette barrière de corail baignée dans les eaux turquoises de la mer des Caraïbes. Ce fut l’une de nos plus belles plongées depuis notre départ. Le bateau regagné, nous nous préparons à partir. Nous calons au mieux nos affaires, rangeons l’annexe, installons la trinquette sur le bas étai ainsi que les bastaques car nous aurons sûrement du vent. Vers 15h30, nous partons en contournant l’atoll par le sud. Cette fin d’après midi est très agréable, nous remontons au près serré à 6 nœuds avec 15 à 20 nœuds de vents. Le soir, nous mangeons tranquillement car la mer est peu agitée. Vers 21h, Karen me réveille, le vent est monté à 25 nœuds. Elle préfère qu’on mette la trinquette pour être plus tranquille. Vers minuit, le vent atteint 30 nœuds, je la réveille à mon tour pour prendre le second ris.

Dimanche 27 mars

En fin de nuit, la navigation devient extrêmement difficile, le vent  souffle entre 35 et 40 nœuds. La mer est forte et des déferlantes envahissent le pont en permanence. Nous ne sortons plus sous peine d’être instantanément trempés, ce qui d’ailleurs n’empêche rien car simplement sortir la tête pour regarder si il y a des cargos suffit pour une bonne douche salée !  Le bateau gîte à 30° et part parfois au lof : c’est vraiment dur et nous nous demandons si nous ne devons pas faire demi-tour. Pourtant, il faut s’accrocher car le créneau est là et la météo n’annonçait pas autant de vent, il va bien finir par baisser.  Pour soulager la navigation et le bateau, nous choisissons d’abattre de 20°, cela me permet de choquer un peu de grand voile et de foc et d’être ainsi par le travers des vagues. Le vent appuie ainsi un peu moins fort sur les voiles, le bateau est plus stable et notre pilote le tient mieux. Un troisième ris dans notre grand voile nous aurait bien rendu service. Après 3 à 4 heures, le vent baisse entre 30 et 35 nœuds nous permettant de reprendre 10° sur notre cap. La vie à bord pendant ce dimanche aura été particulièrement dure : cuisine impossible, nous nous contentons juste de grignoter et boire un peu d’eau. A chaque déplacement, nous devons nous agripper pour ne pas voler dans le bateau. Par ailleurs, nous étions toute la journée avec nos vêtements humides et restions allongés au maximum pour ne pas avoir le mal de mer, surtout Karen qui est plus sensible que moi. De mon côté, j’ai tout de même pu lire le récit de Bernard Moitessier (grand navigateur des années 60) : « Cap Horn à la voile », ce qui m’a permi de relativiser notre sort.

En revanche, nous avons été agréablement surpris par notre Pogo. Il s’est vraiment bien comporté dans cette mer et ce vent et nous sentions qu’il ne fatiguait pas. Il conservait aisément ses 6 nœuds de moyenne et passait facilement à travers les vagues. Le gréement retenu par la bastaque frappée au vent s’est lui aussi montré d’une bonne rigidité et robustesse.

Position après 24h : 18°N34 – 85°W47 et 135 milles parcourus.

Lundi 28 mars

Le vent de sud est a progressivement baissé dans la nuit pour s’établir entre 20 et 30 nœuds toute la journée. Nous sommes désormais plus à l’aise à bord, bien que les conditions soient toujours dures. Le bateau gîte entre 20 et 25° en donnant des à-coups et accélérations à cause de la mer formée. Nous vivons principalement allongés ou assis en attendant un temps plus calme. Je prends tout de même un fichier météo le matin (tout va s’arranger demain) et envoie des nouvelles à la famille. Dehors, les vagues arrosent toujours le pont sans s’abattre dessus comme ça pouvait être le cas hier. Enfin, le moral est là, nous avons de l’appétit et je cuisine notre dorade coryphène (pêchée en venant au Guatemala il y a plus d’un mois), dans une marinade : citron vert, oignons, tomate, poivron, une cuillère à soupe d’huile et de vinaigre et une pincée de poivre. Elle est accompagnée de riz. Les odeurs de la marinade nous font le plus grand bien et nous la mangeons avec plaisir. De son côté, Apache semble exprimer toute son énergie avec son ris et son solent pour marcher à plus de 6 nœuds.

Position après 24h : 19°N42 – 83W50 et 140 milles parcourus

Mardi 29 mars

Le vent baisse enfin en dessous des 20 nœuds et nous retrouverons une vie de transat dans les alizées. La mer est calme et il n’y a plus d’embrun sur le pont. Nous passerons une bonne partie de la journée dehors à bouquiner et profiter de cette belle journée ensoleillée. Apache file toujours autour de 6 nœuds et nous lui renvoyons toute sa grande voile l’après midi, le vent se stabilise à 12 nœuds. Vers 16h, nous faisons le point sur la carte, nous sommes toujours en direction de Cienfuegos, à 110 milles. Nous envisageons d’y aller directement, en faisant un petit arrêt sur Cayo Guano del Este. Cette Caye est sur notre route et devrons y arriver vers 6 h du matin, il paraît qu’il y a plein de langoustes ! A 22h, le vent nous lâche à 30 milles de la Caye. Il en profite en plus pour tourner au nord est, nous l’avons donc « dans le nez ». Les voiles claquent et nous devons mettre le moteur pour nous sortir de cette pétole ! C’est exactement ce que la météo nous avait prédit.

Position après 24h : 20°N57 – 82W02 et 135 milles parcourus

Mercredi 30 mars

Vers 4h du matin, nous sommes devant Cayo de Dios à 50 milles de Cienfuegos. Nous louvoyons pendant 2h en attendant le lever du jour pour pouvoir entrer entre les 2 récifs. A peine l’ancre posée derrière la barrière de corail, nous enfilons masque et tuba pour chercher quelques langoustes : elles sont bien au rendez vous !

La navigation se termine après 450 milles de près, elle aura été l’une des plus éprouvantes.

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