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de Sinès (Portugal) à Porto Santo (Archipel de Madère)

Lundi 1er novembre

Départ de Sinès à 17h le lundi 1novembre. La météo annoncée sur Ugrib et Windguru est bonne : 20 à 25 nœuds de vent de Nord passant nord-est à est les jours suivant, houle de 3,5 m s’amortissant à 2m. Le départ se fait avec 2 ris dans la grand voile et le solent déroulé entièrement au grand large. Nous avons pris la peine dans le port de changer notre grand génois un peu fragile pour notre solent tout neuf, idéal pour des vents supérieurs à 20 nœuds. En sortant du port, Karen n’est pas très chaude pour partir à cause de la houle et préfèrerait mouiller dans la baie. Moi, je souhaite y aller car seule la première nuit peut être dure et la météo annonce peu de vent pour la fin de semaine. 1 h après le départ, Karen s’allonge et  dort un peu en prévision de la nuit de quart. Pendant ce temps la houle monte comme prévu et le vent forci : plusieurs rafales supérieures à 25noeuds à l’anémomètre sont relevées, certaines atteignant 30 nœuds (soit 35 nœuds de vent réel car nous avançons à 7 – 8 nœuds à 120° du vent). Nous avançons très rapidement : 7 à 8 nœuds avec de nombreux surfs à plus de 10 nœuds. 4 heures après le départ, Karen n’est pas bien et vomit tout le repas du soir (pâtes au beurre) dans sa couchette. Un fort mal de mer la prend et la rend totalement inefficace : elle est anéantie et reste allongée sur la couchette. Pour ma part, je me porte bien et me vois assurer seul les quarts. La nuit est longue : le fort vent déstabilise le bateau et rend l’utilisation du pilote aléatoire. Je barre pour le coup quasiment toute la nuit, d’autant que nous traversons les rails des cargos remontant sur l’Europe du nord. J’effectue 2 virements de bord pour éviter des cargos qui se suivent les uns après les autres (au départ, je pensais que c’était des bateaux de pêches tellement ils sont proches les uns des autres). Vers 1h, je sollicite Karen à se lever (dans la souffrance) pour me laisser dormir 30 min, elle me rappelle après ce court sommeil tellement elle n’est pas bien : mal de mer, inquiète, houle, temps relativement fort...  Vers 5h, notre pilote tombe en panne et coupe tout le NKE : plus aucune information n’est disponible et nous nous dirigeons seulement avec les compas magnétiques : continuer ainsi aurait été impossible et j’entreprend de suite la recherche au problème. Je coupe l’alimentation et essaie de redémarrer, rien à faire, le système de navigation NKE affiche toujours un message d’erreur. Je réveille Karen qui me remplace à la barre et j’entreprend de lire la notice du NKE, dans le bateau roulant dans la houle et avec l' odeur nauséabonde du vomit dans le carré. Après une demi-heure, je trouve le problème et réinitialise le NKE selon la procédure, tout redémarre, ouf ! 10 min plus tard, le mal de mer attrapé à lire cette notice s’exprime et je vomis contre mon gré la banane et la madeleine que j’avais mangées vers 4h. Enfin, ce n’est rien comparé au mal de mer de Karen qui retourne se coucher après une petite heure de veille, tellement elle se sent vaseuse et affaiblie. Je reprend la barre et reprend des forces avec un bon petit déjeuner à 7h30 : pain beurre confiture et une tartine de nutella. Relevés météorologiques : température la nuit est de 19°C, l’eau à 17°C et le baromètre à 1018 hpa.

Journée du 2 novembre

Vers 10h, le vent tombe un peu (20 à 27 nœud vent réel) et tourne vers le Nord – Nord-est, nous changeons d’allure et passons vent arrière car notre route n’est plus bonne. Je tangonne le solent afin d’avoir les voiles en ciseaux (notre voilier est très stable dans cette allure, il ne gîte plus et subit seulement le roulis des vagues). La navigation est plus confortable à présent. Nous avançons toujours très bien et le bateau tient désormais avec le pilote, un gros soulagement pour moi. Karen est toujours malade et dort pratiquement toute la journée excepté 3 à 4 heures où elle me remplacera. Vers 8h, elle tente de prendre un petit déjeuner et le vomit aussitôt. Rien à faire, elle ne mangera pas de la journée et ne boira pratiquement rien ! Le mal de mer peut être terrible quand il nous prend. Moi, je suis très fatigué et fais des petits sommes de 10 min allongé dehors dans le cockpit sur un petit coussin. Je prends aussi mon courage vers 10h pour nettoyer l’horrible odeur de vomit présente dans le bateau. A 17h, je fais mon relevé : Latitude 36°N20,3 et longitude 11°W36,2 : nous avons parcouru 168 milles en 24 h, ce qui représente notre meilleure moyenne. Nous avons fait le tiers de la traversée. Pendant la nuit, Karen réussira à prendre 2 quarts de 2h ce qui me soulage vraiment. Nous sommes tellement fatigués que pendant nos quarts, nous mettons notre montre à sonner toutes les dix minutes où nous faisons un petit tour de l’horizon afin de voir des feux de bateaux et vérifier que la direction et la force du vent ne varient pas. Ensuite, nous avons 10 minutes pour dormir : dehors bien entendu car on est plus à l’écoute des bruits. Le reste du temps, j’assure la veille soit 2 quarts de 4h et un de 2 h. Notre pilote barre 24h sur 24 et nous faisons tourner  notre moteur 3 fois 1 heure dans la journée pour compenser sa consommation car il est très gourmant en vent arrière avec un vent de 5 à 6 et de la houle. Relevés météorologiques : température air entre 20,3° et 24,7°C, température de l’eau à 17,5°C, baromètre à 1019 hpa. Ciel parsemé de stratocumulus.

Mercredi 3 novembre

Belle journée ensoleillée, le temps est idéal pour la navigation : nous filons avec un vent de 15 à 25 noeuds, allure vent arrière, les voiles en ciseaux (2 ris dans la grand voile et solent tangonné). Le midi, je me décide même à faire des galettes au fromage pour redonner un peu de moral aux troupes : Karen réussira à en manger 2. J’en profite aussi pour traîner mes 2 lignes toute la journée sans succès (allons nous trop vite ?). Karen s’est bien reposée mais elle dort encore tout le temps quand elle n’assure pas de quart car elle se sent toujours vaseuse. Je profite de ce beau temps pour lire le récit du 1er tour du monde français réalisé par Louis Antoine De Bougainville, entre 1766 et 1769, cela fait réfléchir ! Je reste tout de même admiratif sur la navigation de cette époque où les navires ne disposaient d’aucune carte vraiment fiable, naviguaient avec le soleil, les étoiles. Ils sondaient en permanence les fonds et étaient incapables de remonter au vent, n’ayant pas de moteur bien sûr. Conserver la nourriture, l’eau, lutter contre les maladies étaient aussi de véritables défits…

A 17 h, nous sommes à une latitude de 34°N56,2 et longitude  de 13°W59. Nous avons parcouru 149 milles en 24h. Le baro indique toujours 1019 hpa.

Jeudi 4 novembre

La nuit du mercredi au jeudi se passe normalement, Karen a enfin pu reprendre le rythme des quarts de 2 h ce qui me soulage. La personne de quart s’accorde toujours des sommes de dix minutes quand rien n’est détecté. Nous apprécions vraiment notre détecteur de radar : Activ’Echo, car il nous a signalé 100% des cargos et bateaux observés. L’AIS aussi voit tous les cargos mais pas les voiliers et bateaux de pêche qui n’émettent pas de signaux. Par contre, il fournit une aide précieuse car il positionne le cargo, nous donne, son cap, sa vitesse et trace sa route par rapport à nous.

La journée du jeudi est plaisante : le vent faiblit dans les 15noeuds et nous renvoyons toute la grand voile. L’équipage est enfin amariné et le mal de mer a disparu : Karen remange normalement après 2,5 jours de jeûne. Le moral est là et à 15h nous apercevons Porto Santo. A 17h, nous avons parcouru 150 milles les 24 dernières heures et sommes à 33°N11 et 16°W03. Relevés météorologiques: température air entre 21,7° et 26,4°C, température de l’eau à 18,7°C, baromètre à 1018 hpa.

 

A 18h, je mets 2 lignes de traînes et pêche 30 min plus tard, Karen trouve que la ligne est anormalement lourde, nous remontons en effet un petit thon de 40 cm, pris sur la cuillère de la traîne à maquereau : quelle surprise ! Il nous régalera le soir et ainsi que le lendemain.

A 20h, nous mouillons à Porto Santo après 3 jours et 3 h de mer. Nous avons parcouru 480 milles depuis Sines et 1290 depuis notre départ de Kerners.

 

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